Le bilan de compétences reste-t-il éligible au CPF ?
De nombreux centres de formation s'interrogent : le bilan de compétences, pilier de l’orientation professionnelle, pourrait-il bientôt disparaître du champ du CPF ?
L’enjeu est réel : sans cette prise en charge, des milliers d’actifs perdraient un levier stratégique pour construire leur projet ou évoluer.
Heureusement, un amendement clé (n° II-CF2608) au projet de loi de finances 2026 vient protéger cette modalité.
Nous expliquons ce que cela signifie concrètement pour votre organisme de formation et les perspectives à venir.
Les éléments clés à retenir
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L’amendement CF2608 rétablit l’éligibilité du bilan de compétences au CPF.
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Le projet de loi initial visait à supprimer cette possibilité, mais des députés ont demandé sa conservation.
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Certains amendements proposent d’encadrer l’aide via un plafonnement de prise en charge.
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La suppression aurait affecté l’accès à la reconversion, notamment pour des publics fragiles (seniors, salariés peu qualifiés).
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L’amendement est soutenu par plusieurs fédérations professionnelles du secteur de l’accompagnement.
Questions fréquentes (FAQ)
1. Le bilan de compétences reste-t-il éligible au CPF ?
Oui, grâce à l’amendement II-CF2608, il reste dans le périmètre du CPF.
2. Y aura-t-il un plafond de financement ?
Oui, certains amendements prévoient un encadrement par plafonnement, comparable aux VAE ou au permis de conduire.
3. Quels risques si le bilan de compétences est supprimé ?
La suppression pourrait freiner la mobilité, la reconversion et rendre l’orientation moins accessible aux publics les plus vulnérables.
4. Quelle est la charge financière actuelle ?
En 2024, plus de 80 000 bilans de compétences ont été réalisés, pour un coût moyen d’environ 1 900 €/bilan.
5. Que doivent faire les organismes de formation ?
Ils peuvent continuer à proposer des bilans de compétences éligibles au CPF, tout en se préparant à d'éventuels plafonds ou régulations.
Pourquoi voulait-on retirer le bilan de compétences du CPF ? D’où vient cette idée ?
Alors, avant de se réjouir du maintien du bilan de compétences dans le CPF, il faut comprendre pourquoi il avait failli disparaître.
Parce que oui… cette idée ne sort pas de nulle part.
D’abord, il faut rappeler que le CPF représente une dépense publique très élevée.
Chaque année, plusieurs centaines de millions d’euros partent dans la prise en charge des formations.
Et depuis quelque temps, l’État cherche à réduire et maîtriser le coût du CPF, en ciblant ce qui est considéré comme « prioritaire ».
Dans cette logique, certains dispositifs sont régulièrement réévalués.
Le bilan de compétences, lui, était dans le viseur pour plusieurs raisons :
1. Le coût moyen, assez élevé
Un bilan tourne autour de 1 900 euros.
Multiplié par plus de 80 000 bilans par an… ça fait une ligne budgétaire importante.
Certains décideurs ont donc estimé qu’on pouvait réduire la dépense en le retirant du CPF.
2. Une perception d’utilité “moins directe”
Contrairement au permis de conduire, à certaines certifications techniques ou aux formations obligatoires, le bilan de compétences est vu comme un accompagnement plutôt que comme une formation « métier ».
Certains responsables publics ont considéré qu’il n’était peut-être pas indispensable dans le périmètre du CPF.
3. Une volonté politique de “resserrer” le CPF
Depuis plusieurs années, le CPF est accusé de financer des formations jugées non prioritaires.
Il y a donc une tendance à recentrer le dispositif sur des compétences immédiatement utiles à l’emploi.
Dans ce contexte, le bilan de compétences a été perçu à tort comme moins stratégique.
4. L’idée de lutter contre certains abus
Même si la grande majorité des organismes sont sérieux, quelques acteurs ont proposé des bilans trop rapides, trop génériques, avec un rapport qualité-prix discutable.
Cela a alimenté l’idée qu’il fallait “faire le ménage”, voire supprimer le financement.
5. Et enfin… une question d’image
Le bilan de compétences est parfois mal compris par des acteurs politiques qui n’en saisissent pas toujours l’impact réel sur la reconversion, l’orientation ou la prévention de l’usure professionnelle.
Cette méconnaissance a facilité l’idée qu’on pouvait le retirer sans trop de conséquences.
Heureusement, de nombreuses fédérations professionnelles, des députés et des acteurs du secteur ont montré à quel point ce dispositif est crucial, notamment pour les publics vulnérables : les seniors, les salariés peu qualifiés, les personnes en quête de reconversion…
Et c’est cette mobilisation qui a fait basculer la décision vers son maintien.
Analyse détaillée : où en est-on aujourd’hui ?
Le projet de loi de finances 2026 prévoyait initialement une suppression de l’alinéa 5 de l’article 81, ce qui aurait exclu le bilan de compétences du CPF.
Face à cette menace, plusieurs amendements ont été déposés pour le maintenir : notamment l’amendement II-CF270, porté par des députés, qui réintroduit explicitement le bilan de compétences à l’article L. 6323-6 du Code du travail.
L’amendement II-CF2608 a finalement été adopté par la commission des finances de l’Assemblée nationale, supprimant les alinéas qui visaient à retirer le bilan du CPF.
Cependant, la situation n’est pas figée : d’autres amendements discutent de limiter le financement via un plafond, sans lever totalement l’éligibilité.
Ainsi, même si le bilan de compétences reste financé par le CPF, sa prise en charge pourrait être plus encadrée à l’avenir.
Cas concrets : impacts pour les organismes de formation
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Un centre de formation indépendant qui propose des bilans de compétences pourra continuer à inscrire ces actions sur MonCompteFormation, mais devra peut-être adapter ses tarifs si un plafond est imposé.
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Un CIBC (centre d’information et de bilan de compétences) peut rassurer les salariés et demandeurs d’emploi : le dispositif CPF reste en place, assurant un flux d’utilisateurs.
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Un organisme de reconversion pour seniors peut valoriser le bilan comme un outil accessible et toujours pris en charge, à condition de suivre les évolutions réglementaires.
Points d’attention pour les formateurs et les organismes de formation :
1. Surveillez l’évolution législative : bien que l’amendement soit adopté, des débats restent ouverts sur le plafonnement.
2. Anticipez les prix : si un plafond est mis en place, ajustez vos offres pour rester attractif ; explorez des modèles hybrides (CPF + co-financement ou autre).
3. Communiquez auprès de vos clients : informez les salariés et demandeurs d’emploi que le bilan de compétences est toujours éligible, mais que les conditions peuvent évoluer.
4. Renforcez la qualité : plus que jamais, la fiabilité de votre accompagnement peut être un différenciateur, surtout si des contrôles sont prévus dans le cadre de la régulation.
5. Participez aux actions de représentation : les fédérations professionnelles sont mobilisées ; votre voix compte.
Évolutions possibles : ce que l’avenir pourrait réserver au bilan de compétences
Les discussions autour du bilan de compétences montrent une volonté politique de mieux encadrer les financements publics.
Ce mouvement pourrait influencer son évolution dans les prochaines années.
Les tendances ci-dessous ne sont que des suppositions basées sur les débats actuels.
Seul l'avenir confirmera ou non ces directions :
1. Une régulation plus fine des coûts
Les pouvoirs publics cherchent à stabiliser la dépense liée au CPF.
Il est possible que le bilan de compétences entre dans une logique de tarification encadrée pour garantir une cohérence nationale.
2. Une exigence renforcée sur la qualité
Les organismes devront peut-être démontrer une maîtrise encore plus précise de la méthodologie d’accompagnement.
Cette orientation viserait à éviter les programmes trop courts, trop génériques ou peu personnalisés.
3. Une articulation plus forte avec l’accompagnement RH
Le bilan de compétences pourrait glisser vers une logique plus intégrée :
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Une articulation avec des dispositifs d’évaluation interne
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Des passerelles vers le coaching ou la préparation à la mobilité
Cette évolution transformerait l’offre plutôt que de la réduire.
4. Une utilisation plus ciblée par publics
Il est possible que le dispositif soit orienté vers les professionnels ayant un besoin clairement identifié : transition, reconversion, évolution imposée par l’entreprise, retour à l’emploi.
Cela n’empêcherait pas l’usage individuel, mais pourrait influencer les priorités d’accompagnement.
5. Une meilleure intégration dans les parcours longs
Le bilan de compétences pourrait devenir une étape structurée dans un parcours : diagnostic → montée en compétences → certification.
Cette vision renforcerait sa place au sein de la formation professionnelle.
En conclusion, oui, le bilan de compétences reste éligible au CPF grâce à l’amendement CF2608. Mais, il pourrait désormais être soumis à des limites de financement. Pour les centres de formation, c’est l’occasion d’anticiper, de se positionner en acteur fiable et de continuer à accompagner des parcours professionnels durables.
